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Antiquité
Introduction à l’histoire migratoire des peuples bantous.
Avant l’ère chrétienne, les Noirs vivent essentiellement dans la partie nord et nord-est du continent africain: l’Egypte, le Soudan actuel, le nord du Tchad, l’ouest soudanais (le Darfour), le sud algérien (le Tassili, jadis verdoyant), le Zimbabwe, l’Ethiopie.
L’intérieur, ouest, centre et sud sont principalement occupés par les Khoisans (jadis appelés bushmen) et les pygmées. Suite à plusieurs bouleversements sociaux, notamment le développement des européens qui à partir de 700 av.JC engagent une politique expansionniste et impérialiste, d’abord par Athènes puis Rome; la chute de l’Egypte, plus grande nation du monde durant 3000 ans et peuplée majoritairement de Noirs, qui tombe aux mains des perses en -525; la désertification de leur zone d’habitation; le réveil culturel des arabes etc… les Noirs vont enfin aller coloniser l’intérieur du continent.
Les groupes d’immigrants se dirigent massivement vers l’ouest du continent. Le sud est une immense forêt équatoriale, très inhospitalière pour ces peuples agriculteurs et éleveurs. A l’ouest, autour du fleuve Niger, ils trouvent une terre fertile, des eaux poissonneuses, des forêts giboyeuses et pénétrables. Ils s’installent.
Un groupe les quitte et poursuit sa migration vers le sud, en longeant la côte. Arrivé à l’orée nord-ouest de la forêt équatoriale, ce grand obstacle, et il s’installe un temps entre le sud-est du Nigeria et la région de Douala près du fleuve Vouri. Selon nombre de spécialistes, c’est là que naissent les bantous. En tant que langue, culture et phénotype physique. Nous sommes vers 350 ou 400 après JC.
A partir de 350 ap JC. La phase
d’influence du Kongo est la n°2
Un groupe reprend la migration à partir de ce point de chute camerounais et part vers l’est du continent, en contournant la forêt par son nord, tentant des infiltrations peu profondes dans celle-ci. Il rejoindra à l’est du continent, de petites communautés qui n’avaient jamais migré, étant restées autour de Khardofan. D’où le nom que certains chercheurs confèrent à cette population bantoue du centre-est africain, les « Bantous khardofaniens ».
Le groupe le plus important se détachera de ce foyer camerounais (à cause de la surpopulation?), pour longer la forêt en son ouest, bordant l’océan Atlantique, jusqu’à s’installer sur les premières terres non envahies par cette forêt primaire: le sud du Mayombe, atteint vers 600 ou 700 après J.C. Il s’y installera, et s’organisera plus tard en Etat, le Kongo.
Des peuples en moindre nombre continueront à migrer de façon disparate peu à peu du Kongo (avant ou après sa création effective) vers toutes les directions,sauf le sud, barré par le désert du Kalahari. Des liaisons entre l’est et l’ouest du continent sont attestées. Ils s’adaptent progressivement dans les zones forestières, surtout grâce à l’introduction de la banane plantain (XVè siècle). Ils formeront les peuples Tyo (dit plus tard téké et anziques), bobangi, Mongo, Ngombe, Ngwaka et autres tels que nous les connaissons. D’autres migrations, souvent démarrées au nom du royaume du Kongo, vont aller si loin, qu’elles se couperont de la source et créeront leurs propres Etats. C’est le cas des Lulua, des Kuba, en RDC. D’autres encore tels que les Kabindé, Ngoyo, loango etc… vont créer des Etats autonomes, tout en restant vassaux volontaires ou contraints du centre névralgique Kongo. D’ailleurs, Jean Pierre Kalonji analyse le départ des luba du groupe Loango comme étant la scission entre ceux qui désiraient radicalement se séparer des Kongos en migrant très loin vers les terres nouvelles au sud-est de la forêt équatoriale, et ceux qui préféraient rester dans la fédération du Ntotila (autre nom du Kongo). La linguistique et surtout la glottochronologie nous permet de déterminer aussi que les échiras (punu, mbéti, fang) sont certainement les peuples qui se sont infiltrés dans les forêts durant la grande descente du Vouri vers le sud et l’est. Ils n’ont donc jamais fait parti du Kongo.
Ces migrations vont se poursuivre bien après l’édification du Kongo, effritant sans cesse le royaume central, jusqu’à être totalement anéanti par la pression de l’esclavagisme. Les Beembés postés aux frontières du royaume iront jusqu’au Zimbabwe. Les zoulous, armées d’élite (sans doute au sein des beembés) ne se détacheront pour aller conquérir le sud du continent que vers le XVII et (surtout) le XVIIIème siècles. Jusqu’aux XIXè siècles, des peuples cette fois-ci fuyant l’esclavage, continuent à se disséminer vers toute l’Afrique ou d’autres lieux vers les endroits les plus difficiles d’accès. La plus grande majorité des koongo du Congo actuel, migrent dans la seconde partie du XIXème siècle tout juste, en s’installant dans les terres déjà koongo (la province de Nsundi qui correspond une ligne Bokosongho-Mpangala est partie intégrante de l’Etat Kongo) ou occupées par d’autres peuples. Autant que des ngala du nord de l’actuel République Démocratique du Congo qui s’enfonceront vers le coeur de la cuvette centrale, rejoignant une autre migration venu du nord de l’Oubangui, en République Centrafricaine, toujours pour fuir les esclavagistes arabes et européens. Ils trouveront sur les terres des actuelles Likouala, Cuvettes et Sangha occidentale d’autres peuples d’eaux d’installation plus ancienne de quelques deux ou trois siècles.
*Nota:
Nous pouvons en conclure que tous les congolais sont donc une seule famille, née au Cameroun, grandie au Kongo, séparée un temps par les migrations ou les évolutions politiques, puis retrouvée au sein d’un Congo moderne. Ils sont attachés à l’ensemble des peuples des pays modernes qui leurs sont voisins, et au delà à l’Afrique toute entière. Leur histoire humaine se retrace à partir du premier homme né dans la corne de l’Afrique, et sa continuité en tant que peuple et en tant civilisation depuis des millénaires est attestée.
Bantou: vocable d’origine koongo qui signifie « les hommes (« muntu » au singulier) introduit en 1862 par Guillaume-Henri Bleck, linguiste allemand, pour désigner les groupes de populations noires dont la langue ou le dialecte utilise le Radical « Ba » en guise de pluriel. Ils habitaient la zone au sud du parallèle joignant Douala à la rivière Tana située au Kenya. Au delà de la langue des caractéristiques anthropologiques, anthropomorphismes et culturelles s’y sont ajoutées. Par extension, on a désigné par Proto-bantou, le peuple noir d’où sont issus les bantous, et qui a sa source dans la vallée du Nil.
Voir Joseph Ki-Zerbo : ‘Histoire de l’Afrique noire’- édition Hâtier, Paris 1978
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2 Réponses à “Antiquité”
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manifique et très édifiant sur l’origine de nombreux peuples africains. peut-on rattacher les bamiléké à ces mouvements de migration?
Merci pour cet excellent article. Heureux de constater que vous ne penchez pas vers cette mouvance du monde scientifique qui souhaite que tout ce qui est bon en Afrique ait forcément une origine sémito-caucasienne. Je viens tout juste de lire -sur Wikipédia !!!- que l’art magnifique des peuples akans aurait une origine berbère. Si ce n’est pas ridicule !
Mais ce n’est pas étonnant, quand on sait qu’ils n’ont pas hésité à dire que les ruines du royaume zimbabwéen ne sont que l’emplacement des anciennes mines du roi Salomon.