LOANGO

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La ville de Loango au XVIIè siècle.

Difficultés et incertitudes
Le Loango est une souvent présenté comme une ancienne province du Kongo qui aurait pris son indépendance vers le XIV ou XVè siècle tout en restant vassal et ami de son ancienne autorité de tutelle. En considérant que l’histoire écrite de cette partie du monde commence en 1482, remontant à une mémoire populaire crédible d’environ 100ans en arrière, il est important de signaler qu’on ne retrouve aucune trace d’un royaume Loango aux époques souvent avancées de sa création. Pire, une province Kongo du même nom semble également ne jamais avoir existé. En 1535, le roi du Kongo, Nzinga Mvemba (ou Mbemba) dit Afonso Ier fait rédiger un texte officiel, une sorte de constitution, répertoriant les provinces et royaumes « protégés » (dit « vassaux » par l’interprétation européenne) du Kongo. Le Loango ne s’y trouve pas mentionné, alors que le royaume du Kakongo et celui de Ngoyo y sont, le roi du Kongo niant d’ailleurs l’autonomie du Kakongo. Certains écrits d’époque, notamment hollandais vers 1630, affirment que le Loango était une partie du Kakongo, lui même province du Kongo. Le Kakongo se serait détaché progressivement au cours du XVè siècle atteignant une certaine indépendance. Il se serait alors subdivisé en province, dont celle du Loango en son nord. Cette dernière ne se détachera du Kakongo qu’à partir du milieu du XVIè siècle, grâce à sa position maritime que l’esclavage rendait de plus en plus stratégique. Vers 1565 le divorce est consommé et petit à petit la suprématie du Loango s’affiche sur Kakongo. Ce n’est effectivement qu’à la fin des années 1580 que l’on trouve la première mention écrite du royaume de Loango, Etat pleinement souverain quoique protégé par le Kongo. Toutefois, les peuples (kongo, kakongo et loango) inébranlablement se reconnaissent frères.

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Généralité
Au XVIIIè siècle, le Loango a acquis une stabilité, des règles, un système politique propre et une certaine conception des relations internationales. C’est un royaume mature que va rencontrer l’abbé Liévin-Bonaventure Proyat, missionnaire, qui publia en 1773 son ouvrage intitulé « Le Loango, le Ngoyo, le Kakongo et d’autres royaumes africains« . Nous nous en inspirerons largement pour rendre ce récit sur ce royaume. Ce livre, bien que se voulant d’un objectivité solide ne manque pas de comporter des défaut d’analyse ou d’appréciation, voir de racisme propre à l’époque. Il est néanmoins assez exhaustif et reste un précieux document, nuancé à la lumière de ce que nous savons aujourd’hui. Les italiques sont directement tirées de ce livre.

Le Loango au XVIIIà siècle est frontalier avec le Ngoyo sud-est, le Kakongo au sud et le Yomba (pays du Ma-yombé) au nord-est. Tous vassaux du Kongo à des degrés divers selon les époques, ils sont de culture très proche, finissant par se confondre dans l’histoire. Boali est souvent le nom donné à la capitale des loango. Mais ce mot signifiant « localité », il ne serait pas exclu que Boali-Loango signifiant « siège du Loango », ne soit la dénomination exacte. Plusieurs écrits désignent la capitale du même nom que le pays tout entier, à savoir Loango.
Quant à l’étymologie de « Loango », la plus répondue est celle qui se rattache à l’animal totémique du Kongo de toute la région, à savoir la panthère, Ngo en Kongo. « Lua Ngo », signifiant « de la panthère ».
Le yombé sont également voisins des loango. Leur pays a souvent été appelé Ma-yombe par les explorateurs alors que cela signifie, « le roi du Yombé ». Plus prosaïquement, « le pays du roi des Yombé ».
Le Kakongo et le Ngoyo n’échappent pas non plus à des confusions de typonomie. Le premier est souvent appelé Ma-limbe et le second Kabinda, qui est le nom de sa capitale en réalité.

L’habitat et la société loango
« Les peuples de ces contrées habitent comme nous des villes et des villages » lance l’abbé Proyart pour sans doute rassuré le lecteur sceptique d’office. Ce sont moins les besoins réciproques qui les rapprochent que les liens du sang qui les empêchent de se séparer. Un climat similaire est constaté dans l’ensemble des royaumes de la région, gangrénés par l’esclavagisme qui pousse à une concentration sur la base d’affinités du sang.
Chaque hameau est dirigé par un patriarche dont le rôle essentiel est la justice. Il la rend comme suit: après avoir écouté les deux parties, le chef du village ou de famille prononce une sentence, qui n’est jamais discutée. Mais lorsque le litige va au delà d’une famille, on en appelle au jugement du gouverneur de province, puis en dernier recours au roi. Pour les crimes les plus graves, la sentence la plus redoutée est la vente du coupable comme esclave ou la mort.
Dans un village, les maisons s’enchevêtrent sans rues. Ce qui fait des villes de curieux labyrinthes dans lesquelles un étranger ne pourrait se déployer seul. Sur les conseils de missionnaires, d’importants travaux d’assainissement des villes, notamment de Boali-Loango sont faites pour lui donner afin de la moderniser. La région n’ayant point de pierres, « les maisons sont faites de joncs ou de branches artistement confectionnées« . Les portes sont disposées de manière à ne pas subir la direction des vents. L’usage des fenêtres est inconnue.
Les maisons sont vendues au marché par panneaux entiers, qu’il suffit de monter. Une famille suffit à la transporter et à la bâtir. Le palais du roi est une vaste concession composé de 5 ou 6 cases, bien plus grandes que celles des habitants ordinaires.

Dans la cité, les après midi servent à se réunir pour se raconter des nouvelles. Le mbongui souvent perçu à tort comme une institution sérieuse, n’est à la lumière de nombre d’observateurs, en réalité, que l’équivalent du « nganda » actuel. On y apporte à boire et s’y raconte des faits de chasse, des potins, des causeries divers. Sauf que les règles sont assez strictes.
Chez les loangos, celui qui prend la parole peut la garder un quart d’heure au plus. Les autres l’écoutent religieusement. Quand il a cessé de parler, celui à qui revient le tour, par ordre d’age généralement en commençant par le plus jeune, a le droit de réfuter les allégations du premier et de sortir les siennes. Pour capter l’attention de l’auditoire, l’orateur fait dire les nombres au sein de son récit par les autres, en indiquant des doigts. Ne pas suivre est la pire impolitesse qui soit.

Le travail et l’économie
L’abbé est admiratif du travail quotidien des femmes. Il les plaint souvent dans une critique sans concession sur la paresse des hommes qui laissent tout faire aux femmes. C’est une accusation récurrente des rapports de missionnaires. Ils ne tiennent sans doute pas compte des difficultés du défrichage, de la pêche ou encore de la chasse et de toutes autres tâches moins quotidiennes mais plus physique dévolues à l’homme. Les femmes loango ne travaillaient que 3 jours d’affilés. Le quatrième était un jour de repos complet. Le témoin déplore également une certaines paresse intellectuelle qui se traduit par l’absence de mémorisation du passé, semblable dit-il «  à nos paysans qui ignorent autant ce qui s’est passé sous le règne de Louis le Grand qu’au temps de Jules César.« 
Le prêtre s’étonne:
« Si on leur demande pourquoi ne conservent-le pas le souvenir de ce qu’ont fait leurs pères, ils répondent que peut importe comment ont vécus les morts, l’essentiel est que les vivants soient des gens de biens » Quant à compter son propre âge « ils estiment cela inutile puisque ça ne renseigne pas du reste de temps qu’il reste à vivre. Ils perçoivent la mort comme un précipice ou on avance les yeux bandés, de sorte qu’il ne sert à rien de compter les pas puisqu’on ne saurait ni lorsqu’on s’avance du dernier pas, ni l’éviter. » Pas banale comme philosophie restrictive. Il ajoute « Pourtant, ils savent compter jusqu’à l’infini. »

Les loango sont surtout cultivateurs. L’alimentation est à base de manioc. C’est le pain du peuple, par oposition à la banane plantain qui est le pain du riche. Le manioc est si abandon que traditionnellement les loangos ne font pas de réserve. Pourtant, nous assure Proyart, qu’il lui a été rapporté que certaines années de sécheresse, la famine avait sévi. Mais c’est rare. La feuille est déjà abondamment consommée sous la forme connu aujourd’hui sous le vocable de, Saka-saka.
La seconde culture abondante est le « pinda », l’arachide. « Les nègres s’en servent pour en faire des sauces alimentaires, de l’huile et comme friandise« . Ils cultivent aussi la pomme de terre, appelée « mbala mputu », traduit par « la turbercule d’Europe », sans doute parce que apportée par les portugais, ajoute l’auteur qui affirme en outre que sa qualité est nettement supérieure à celle de la pomme de terre d’Europe.
« M’putu » est l’assimilation locale du mot « Portugal ». Certains disent de « Porto », ville du Portugal d’où venaient la plupart des premiers marins. Par extension, le mot a fini par désigner « le pays des blancs » dans l’ensemble des langues bantoues.
Ils cultivent aussi de l’ignam, des haricots, des épinards, de l’oseille, du piment, du chou, de la tomate, fruit que l’auteur ignore dans ses habitudes alimentaires, et qu’il juge « sans goût » et ayant juste « un rôle de remplissage dans les ragouts« ), de l’oignon, de l’ail, du maïs, de la chicorée etc… dont, insiste le prêtre, la qualité et la sélection des plantes sont bien meilleures que dans son pays.
La culture qui surprend le plus cet explorateur européen est celle du tabac, qui pousse si facilement, qu’elle s’apparente à de la mauvaise herbe. Hommes comme femmes en fument dans des pipes en glaise.
Le palmier tient une place de choix, en pays Loango. Il assure par son jus un complément alimentaire riche et savoureux. Son huile sert également à s’enduire le corps. Tandis que sa sève est une liqueur de bon goût, réservée aux riches. Les gens du peuple se contentaient des alcools de fruits fermentés, surtout d’ananas.
La papaye est un fruit abandon qui appartient à tout le monde, où qu’elle pousse. Les loangos l’appelle « lolo ». En revanche, la cola a une forte valeur marchande et les loango en consomme en quantité.

Tout le monde exerce à peu prêt tous les métiers, sauf ceux de tisserands, forgeron, saunier ou potier qui nécessitent un long apprentissage et une adresse qui s’acquiert avec l’expérience, faisant de ces arts des métiers exclusifs de ceux qui les pratiquent.

A l’époque de Proyart, les peuples se plaignent d’une fiscalité excessive de la part des agents du Ma-Loango, le roi, qui prennent des animaux de plus en plus nombreux comme impôt. Si bien que l’élevage est délaissée comme apport en viande, au profit de la chasse. L’impôt étant égalitaire pour tout individu, les riches qui ont de gros bétails paient la même chose que les éleveurs les plus modestes. Ce qui accroit des écarts important dans la société. L’observateur note tout de même que les loango ne mangent pas d’oeufs. Ils disent « avec un peu de patience, on obtient un poulet« . Lorsque Proyart ou d’autres européens voulaient leur en acheter, ils vendaient chaque oeuf au prix d’un poulet. « Ce n’est pas ma faute si tu n’as pas de patience« 
Un siècle avant l’arrivée de Proyart, le roi d’Angleterre avait offert des couples de chevaux à son homologue Ma-Loango, qui préféra les remettre en liberté. Ils s’étaient peu reproduit, et la plupart moururent de vieillesse ou dévorés par des bêtes féroces. Celui qui rodaient autour de Loango du temps de Proyart, était affirme t-il, le dernier de l’espèce.
Il rappelle aussi qu’il n’y a qu’en pays Kongo et en Chine que le buffle n’a jamais été dompté. Mais encore, une exception de lAfrique centrale, cette région est une des rares au monde qui n’ait jamais connu la charrue.
Le témoin affirme que grâce à une bonne alimentation sans excès, les habitants de ces royaumes tombent rarement malades. Il prêtait au roi du Kakongo de cette époque, un certain Mpukuta d’avoir 126 ans et de se porter très bien. Sa tante nommée Ma-Nteva, serait du même âge.

Caractère du peuple
Le peuple du Loango est défini par Proyart en 1773 comme étant « très pacifique, simple et plein de bon sens ». Il a ses vices dit-il, mais qui ne sont en rien excessifs par rapport aux autres peuples de la terre. « Ils sont d’une si grande douceur que les contestations sont rares parmi eux. Ils n’en viennent jamais aux mains« . Quand ils perçoivent une contradiction, ils vont trouver un juge qui tranche en un instant. Les commerçants de la côte sont par contre assez malhonnêtes à son goût: Ils ont pour principe de rendre tous les blancs comptables les uns pour les autres. Ainsi, sous prétexte qu’un français avait roulé un membre du clan il y’a 30 ans, le hollandais de passage subira la revanche. Ce qui contraste avec les gens de l’intérieur qui allient une honnêteté et une franchise à un désintéressement qu’on pourrait qualifier d’excessif. La meilleure image recherchée est celle d’être « une main ouverte » c’est à dire, être généreux. Ils y tiennent plus qu’à tout honneur.

Le salut entre égaux est une génuflexion suivie d’un claquement des mains quand on se relève. Lorsqu’on rencontre un homme notablement supérieur, on se prosterne jusqu’à toucher le sol du bout des doigts, avant de battre les mains une fois. La personne ainsi honorée, fut-elle le gouverneur, un prince ou le roi, répond par une brève génuflexion et en claquant des mains lui-même.
Les passants peuvent s’inviter à la table qu’ils désirent, ils sont les bienvenus. Lorsque le maître de maison a l’impression que l’invité n’a pas bon appetit, il choisit le meilleur morceau, mord dedans et le tend à son invité en lui disant: « mange, c’est sur ma parole ».
La prostitution est presque inconnue en terre loango. Bien que la langue soit très riche nous renseigne le missionnaire, cette exploitation du corps n’est désignée que par un mot portugais.
Les hommes comme les femmes ne se couvrent que rarement le torse. Cela ne choquent pas, tant les seins ne sont pas considérés comme des organes sexuels. S’ils convoitent les objets manufacturés des européens, la mode vestimentaire des blancs leur paraît d’une contrainte inadmissible. Un tissus enroulé autour de la taille suffit à les recouvrir. Dès fois il est découré d’une ceinture brodée de perles. Le bleu et le rouge sont les couleurs préférés pour ces pagnes.

Le Ma-kaya de Kakongo a une case meublée à l’Européenne avec des lits, des commodes, des buffets garnis d’argenterie. Il offre des sièges aux européens qui vont lui rendre visite, mais lui préfère s’assoir par terre sur une natte, selon l’usage du pays.
En revanche, les rois du Kakongo n’ont pas le droit de toucher tout ce qui vient d’Europe, à l’exception des métaux et du bois (donc des fusils). Quiconque vêtu d’étoffes d’Europe ne peut être admis à entrer dans le palais. Le prêtre français dira: « il est à présumer que les législateurs ont soumis ces règles au souverain afin de retarder le progrès du luxe, et d’apprendre au peuple à se passer de l’étranger en cherchant des remèdes à ses besoins dans sa propre industrie. Mais comme la loi ne concerne que le souverain, il est le seul qui l’observe. Tous les sujets, même les ministres, trafiquent de toutes les marchandises qu’on leur apporte. » Autre usage particulier de ce roi, il mange dans une pièce seul, mais sort de celle ci pour boire, généralement du vin de palme. Plusieurs courtisans attendent cette cérémonie dans laquelle le roi apparait dans une pièce murée de trois côtés, son nganga lui sert une coupe et au moment de la porter à sa bouche, toute la cour se prosterne pendant que le nganga (à la fois médecin, protecteur mystique et maître d’hôtel) sonne une clochette en répétant « tina-fua, tina fua, tina-fua » qui signifie « crains la mort! » car celui qui regarderait risque la décapitation immédiate. Quand il a fini de boire, la clochette s’arrête, et l’assistance se relève en battant une fois des mains, et le roi repart poursuivre son repas. Seul. Ce qui a fait dire que le roi du Loango et du Kakongo étaient cannibales, car nul ne pouvait les voir se restaurer. Mais il n’y a aucune preuve de cannibalisme même rituel chez les loango.


Mariages et alliances.

Les jeunes filles sont toujours accompagnées de leurs mères qui exigent d’elles une grande retenue. Un jeune homme ne peut s’adresser à une jeune fille qu’en présence de sa mère. Si la danse est une activité presque quotidienne, les femmes dansent toujours avec les femmes et les hommes avec les hommes. La polygynie est autorisée par les lois du pays, et ne souffre d’aucune limite. Une coutume qui semble compenser le déficit de mâles viriles causé par l’esclavage. D’ordinaire, une femme loango préfère être l’unique épouse d’un simple que la énième d’un grand seigneur du pays. Toutefois, l’abbé Proyart s’insurge contre ces « faux historiens » qui ont prétendu que les seigneurs du pays avaient régulièrement 20 femmes et plus, prêtant au roi d’en avoir 7.000. C’est dit-il, un grossier mensonge qui contredit la démographie du pays elle même.

Le garçon est libre de choisir une épouse ou il veut. Les filles font le choix de l’époux qui vient se proposer, en s’aidant de l’avis de la mère. Le jeune homme offre des cadeaux d’abord à la mère de la fille choisie. Si elle les accepte, il peut en offrir à la fille qui est encore libre de refuser. L’acceptation des deux tient pour une promesse de mariage.

Jeune fille loango
Jeune fille loango

A partir de cet instant, la fille se promènera enduite d’une peinture rouge qui signale qu’elle va être prise, au cas où un meilleur parti qui jusque là hésitait ou un premier amour voudrait ne pas rater sa change. Il en serait informé et renégociera avec la mère et la fille pour rendre ses présent au premier prétendant. Si personne d’autre ne se manifeste ni ne contrevient, le mariage aura lieu un mois plus tard. Il est censé être insoluble, mais les lois du pays Loango prévoient des exceptions. Par exemple, les princesse ayant le droit de choisir leur époux, voir de s’imposer à eux, si leur dévolu se porte sur un homme marié, celui-ci doit répudier sa femme pour épouser la princesse.

L’adultère est sévèrement traité dans la société. Les femmes estiment qu’elles font grand mal à leur progéniture si jamais elles avaient commis un adultère et ne se repentaient pas devant leur mari. Les moeurs encouragent l’homme à pardonner à sa femme qui avoue s’être rendue coupable d’un adultère. Car ne pas lui pardonner, c’est maintenir la malédiction dans sa propre vie, et celle de ses enfants. En revanche, le cocu est tout à fait exhorté à porter l’amant de sa femme en justice pour obtenir réparation. Le séducteur est souvent condamné à la servitude auprès de celui qu’il a blessé, durant une période pouvant aller jusqu’à 7 ans. S’il est riche, il peut se racheter en offrant du bétail ou des étoffes.
Les princesses, à cause de leurs droits excessifs dans le mariage, ne trouvent pas de maris au sein de la noblesse, car les princes au moins ont le droit de refuser. Elles jettent leur dévolu sur les riches sans noblesse qui ne peuvent s’y soustraire, sous peine de confiscation de biens et de liberté pour avoir fait offense à la famille royale. Elles ont aussi la liberté de répudier leur époux et d’en choisir un autre sans avoir à se justifier. Le mari d’une princesse est plus son esclave qu’autre chose. Il ne sort que très rarement de sa case et doit se faire accompagner des espions de la princesse. Elles auraient aussi le droit de demander le bannissement ou la vente en esclavage d’une fille réputée avoir posé ses yeux sur son époux. Un droit, dit Proyart, dont elles n’hésitent pas à user.

Les polygames ne sympathisent jamais avec leurs femmes au quotidien pour éviter la jalousie entre elles.
La succession est matrilinéaire. Les biens de succession sont généralement des cases, étoffes, bétail, fusils, sabres etc… La terre n’appartient qu’au roi et au roi seul. Il en prête l’usage au peuple, et aucun homme, même un seigneur ne peut s’en aliéner la propriété au risque d’être décapité.

Le gouvernement
Symboliquement, tout appartient au roi: la terre, les biens, la vie. Mais il exerce ce pouvoir sur son royaume avec beaucoup de retenu, et aidé par une classe de nobles qui forment un conseil royal qui à la fois un parlement représentant les principaux clans. Le pouvoir des princes vassaux qui est du type fédéral permet aussi de tempérer ce pouvoir.
Le roi est appelé ma-Loango, qui signifie mani du Loango, ou Moe, qui est la prononciation de Mwene, le titre royal ou de gouverneur Kongo et de ses gouverneur et vassaux. Il est en charge de rendre ses sujets heureux, en les protégeant « de jour comme de nuit », c’est à dire de l’invisible comme du visible. Il leur doit la justice, la sécurité, la grâce des mannes, la prospérité commerciale, la paix. C’est lui fixe le prix des denrées et de l’impôt, autorise des marchés selon les jours, même les heures et les lieux.
Pour son service, le roi décide souvent en « conseil royal » composé de 4 ou 5 nobles et princes, souvent agés. Il se sert ensuite de plusieurs ministres pour exécuter les décisions. Si la plupart sont nommés pour une mission unique, certains ministres sont permanents et remplissent des tâches arrêtées par la loi. Il sont :

- le Ma-vungu, ministre des affaires étrangères et chef des questions les plus sensibles pour le royaume. Son rôle n’est pas tant celui d’un premier ministre mais d’un secrétaire d’Etat américain. Il fait ambassade ambulante, s’assure de la fidélité des vassaux et des provinces en entretenant sans cesse des relations avec eux, négocie avec les européens de passage au palais et propose une attitude à tenir auprès du conseil royal.
- Le Ma-mputu; il aide le Ma-vungu surtout en ce qui concerne l’importation et l’exportation vers l’Europe. Il surveille les bateaux qui accostent, prélève les taxes sur les biens, achète les plus utiles au royaumes (surtout les armes, la poudre de chasse, des tissus) etc… Il parle généralement une ou plusieurs langues européennes.
- Le Ma-kaka, ministre de la guerre. Il est principalement chargé de regrouper les troupes au sein de tout ce royaume qui n’a pas d’armée régulière et permanente. Il a aussi le pouvoir de nommer les chefs de chaque troupes, brigade ou corps, et l’obligation de conduire ses hommes au combat.
- Le Ma-mfouka est le ministre du commerce. Il est chargé des fonctions de police générale sur les marchés. Il contrôle et assure le respect des poids et mesures, surveillent aussi les débarquement et embarquement des bateaux européens, et bien souvent, la conclusions des affaires commerciales importantes. Sa charge est si immense qu’il se fait souvent représenter par des fonctionnaires subalternes, souvent mal appréciés des populations. Il est généralement le plus connu des ministres, celui dont les décisions pèsent l eplus sur la vie du royaume et des individus.
- Le Ma-kimba il est le ministre de l’intérieur, cumulé avec celui des eaux et forêts, et des ressources vivrières. Il s’assure qu’aucun gaspillage sur les réserves naturelles n’est constaté, prélève des taxes sur les pêcheurs, surveille l’installation de nouvelles populations sur des lieux jadis inhabités, assurent la sécurité dans les zones les moins peuplés du royaume, et le respect des lieux sacrés (forêts d’initiations, cimetières etc…).

Les ministres travaillent avec des commis, personnes très intelligentes et souvent sous-citoyens en droit (des fois des esclaves libérés), qui se chargent d’aucun d’aller annoncer les intentions du roi, et d’autres, simplement de mémoriser chacun un certain nombre de dossiers, et d’enquêter dessus pour complément. La plupart du temps, les affaires sont expédiées sur le champs pour éviter de les oublier.

Toutes les 7 provinces du royaume de Loango sont dirigées par un gouverneur du Roi, relayé par des chefs de village. Les grandes villes ont également un gouverneur de la ville, placé sous la tutelle du gouverneur général ou gouverneur de la province. Le gouverneur général est nommé, et à son tour nomme les gouverneurs des grandes agglpomérations. Souvent, le gouverneur provincial est un ancien ministre. Les nominations du roi sont en même temps un anoblissement. Cela donne lieu à des fêtes immenses à la capitale et dans la province ou ce dernier est nommé, en principe à vie, ou jusqu’au prochain roi.
La charge de roi du Loango n’est pas héréditaire, mais élective. Toutefois, pour être éligible il faut être prince. Et pour se faire, il faut être né d’une princesse. Ainsi tous les enfants mâles des soeurs et cousines utérines par descendance maternelle du roi sont éligibles. Les enfants du roi eux-mêmes ne le seraient que si leur mère était une princesse. Comme cela n’arrive pratiquement jamais qu’un roi ou un prince épouse une princesse à cause des droits excessifs de la princesse au mariage, notamment l’obligation de monogamie dont aucune princesse ne voudra déroger, les enfants du roi ne sont donc jamais princes, donc jamais éligibles à la succession de leur père. Un système qui crée une noblesse jamais fermée. Tous les princes du royaume, les ministres et les régents sont électeurs. Le roi ne pouvant désigner un successeur, peut toutefois favoriser un prince de son vivant en le nommant Seigneur d’un fief historique. C’est le Kaya. Il devient alors le Ma-kaya. Le roi peut aussi nommer un Ma-mbuku, second dans l’ordre de succession. Mais, bien que favori, le conseil des électeurs peut ne pas leur donner l’investiture, ce qui est fréquent et qui est souvent source de guerre entre les princes. D’où les longues périodes de vacances ou interrègne qui séparent le décès d’un roi à l’élection d’un autre. L’abbé Proyart nous rapporte le récit suivant:

« Le roi actuel n’a été élu qu’après un interrègne de 7 ans. Et son prédécesseur mort en 1766 n’est pas encore enterré. Ce délai a été occasionné par une contestation survenue entre les bourgeois de la capitale qui prétendait l’y faire enterrer, contre l’avis de ceux de Loandjili, lieu ordinaire de la sépulture des rois qui n’entendaient pas renoncer à leur privilège. Comme aucune solution ne semblait arriver et que le délai légal de l’enterrement d’un roi était passé, l’actuel s’est assis au trône qu’il occupe depuis 4 ans. »

Copmme au Kongo, le Ngoyo, le Kakongo et le Loango ont toujours connu de sérieux problèmes de succession au trône. La mort d’un roi est généralement l’annonce d’une guerre civile imminente.

« Le roi de Ngoyo avait désigné un Ma-kaya si contesté qu’il avait soutenu son élection les armes à la main. Le Ma-mbuku ne l’entendant pas de cette oreille mais militairement trop faible, allât s’allier avec le puissant comte de Soyo, feudataire du Kongo, qui accepta et conduisit lui même sa puissante armée aux côtés du Ma-mbuku. La guerre se livra, et le roi éphémère fut vaincu. Le Ma-mbuku non content de le faire prisonnier, lui trancha la tête. Se croyant alors paisible possesseur du royaume qu’il venait d’usurper, il voulu congédier les armées de Soyo. Mais son allié ne l’entendait pas de cette oreille. Le comte de Soyo, prenant un ton d’autorité avec le prétendu nouveau roi, lui signifia que l’autorité du comte de Soyo était désormais reconnu sur le Ngoyo. Que si le Ma-mbuku le reconnaissait aussi, il le traiterait en ami. Mais si le Ma-mbuku prétendait le lui disputer, il faudrait qu’il fasse valoir ses arguments les armes à la main! Et la guerre recommença, cette fois-ci avec des relents nationalistes du côté Ngoyo, ce qui rendit la tâche plus difficile au compte de Soyo. Elle dura plusieurs années et suspendit le commerce sur cette côte. Elle vient se terminer mais on ignore encore si c’est par la mort d’un des deux prétendants ou par un traité de paix.« 

Un récit qui n’est sans rappeler ce qui se passera à la fin du XXè siècle entre Laurent-Désiré Kabila et ses alliés rwandais, qui l’on conduit au pouvoir et on voulu s’y installer. Un raison de plus d’affirmer qu’un peuple sans mémoire est condamné à revivre ses tragédies.

Quand le roi tombe malade, on ordonne à tout le peuple de tuer un coq. Selon le missionnaire, la plupart des gens n’y accordent aucune valeur mystique. Mais ils obéissent on se disant que ce n’est que le menu du jour que le roi leur oblige car ainsi, tout le pays mangera du poulet. D’autres superstitions étaient très impopulaires comme celles qui obligeaient les gens à ne pas cultiver la terre durant des semaines voire des mois, après la mort d’un roi (deuil national) ou d’un prince (deuil dans sa province uniquement).

La justice
La loi est connue de la tradition, si bien qu’aucun juge ne peut inventer une sanction sans risquer de se faire désavouer. Le peuple tout entier en connait les contours, les peines, les contraintes et les avantages. Le meurtre est puni de mort et de confiscation de tout ou partie de ses biens au profit de la famille de la victime, parfois au profit du roi. Voler vous rend esclave temporaire. Comme insulter un prince. Le principe de graduation des punitions Loango est de punir plus sévèrement les délits les plus petits, car ils disent que ce sont des délits dont justement on peut s’abstenir et que si on le fait, c’est qu’on se moque de la paix dans la communauté. C’est d’ailleurs une logique que le Congo moderne tout entier partage dans sa culture populaire. Par exemple, nous condamnons à mort le voleur, tandis que nous appelons les autorités pour juger le tueur.

Quand le roi veut publier une nouvelle loi, il rassemble ses ministres et son conseil pour avis. Ensuite, il la fait publier dans toutes les provinces par des hérauts qui vont la diffuser sur tous les marchés. Mais ces hérauts prennent la précaution d’en discuter d’abord avec le gouverneur qui peut les renvoyer avec ses objections auprès du roi, afin d’aménager des particularités pour sa province. Mais le roi étant conscient que c’est en accumulant des lois d’exception que les provinces finissent par être indépendants, est très réticent à accorder des closes particulières. Dans certains cas, il peut même destituer le gouverneur pour refus d’obéir à sa loi, voire l’accuser de tentative de rébellion.

Les gouverneurs des villes et ceux des villages sont en même temps juges pour le criminel et le civil. Ils peuvent condamner à mort ou réduire une personne à l’esclavage, mais libre au condamné de faire appel auprès du gouverneur de province et en dernier ressort, au roi lui-même.

« La salle ou le roi rend justice est un grand hall. Il est assis par terre sur un tapis, et s’entoure de plusieurs assesseurs qu’il consulte pour les cas difficiles. » Les audiences sont publiques et passionnent beaucoup de gens.
Quelque soit le niveau de juridiction, la procédure est quasiment toujours la même. Le défendeur commence par faire un cadeau au juge. La première parole est toujours à celui qui s’estime lésée. La règle voudrait qu’il y’ait ni défenseur ni procureur, car les beaux parleurs faussent la vérité. Sauf en cas de maladie, les parties se représentent elles-mêmes. Les femmes comme les hommes ont le droit de plaider leur cause, et parlent aussi longuement qu’ils le souhaitent quand la parole leur est donnée, sans jamais être interrompu. Si l’affaire est contestée par une des parties et qu’il y’a des témoins, le juge leur donne la parole aussi, et parlent aussi longuement qu’ils le désirent. Le roi peut remettre l’affaire à plus tard quand la vérité tarde à se manifester. Il charge alors des espions pour enquêter sur celle-ci. Inconito ils vont sur les lieux et font parler les gens. Parfois ils réussissent sous divers prétextes à faire parler les parties, en gagnant leur confiance et leur extirper des vérités. « Ils est rare qu’ils reviennent sans avoir les lumières nécessaires pour fonder le jugement« , apprécie l’abbé Proyart.
Le nkassa reste pratiqué dans les tribunaux inférieurs. On fait boire cette tisane très toxique à une personne, afin qu’elle dise la vérité attendue d’elle. On estime qu’elle n’en mourra pas si elle est innocente. Ce n’est pas une méthode de jugement mais d’investigation. Ca doit être rapproché plus à une torture pour que la vérité soit dite et que le procès soit juste. Quand le supplicié commence à montrer les premiers signes d’empoisonnements et de décès imminent, il peut être sauvé en lui administrant immédiatement un anti poison bien connu, car l’enquêteur l’aurait estimé. Parfois c’est un coupable qui reconnait sa faute au dernier moment, mais il est sauvé car soit la faute commise ne mérite pas la mort, soit on peut estimé qu’un innocent est prêt à avouer n’importe quoi pour ne pas mourir. Mais la conscience populaire reste convaincue que les innocents ou ceux qui ont honnêtement dit tout ce qu’ils savaient ne peuvent en mourir.
Souvent les gouverneurs, princes et seigneurs en usent hors procès, durant une enquête de palais, pour lever des soupçons. Mais ils doivent obtenir l’autorisation du roi. Ce dernier l’accordera si la matière est effectivement grave.

Il y’a environ deux ans qu »un prince du kakongo convaincu qu’on voulut l’empoisonner, en usa pour découvrir le coupable. Un grand nombre des gens de sa cour en mourut, même ses plus fidèles officiers qu’il affectionnait et passaient dans le pays pour être les plus honnêtes à son service.

Ceux qui ont à craindre de se présenter devant le tribunal du roi, de peur d’être condamné à mort, se réfugient chez un prince voisin, auprès de qui ils deviennent des sous-citoyens. Un statut que le regard occidental qualifierait d’esclavage, mais on en est loin en réalité.

Il n’y a pas de prison. Mais lorsque le roi trouve dangereux de relâcher un criminel avant la fin de son procès, ou qu’il en condamne un à une peine de souffrance physique, on lui attache un lourd bout de bois au cou de façon à ce qu’il ne puisse aller loin. Liévin-Bonaventure Proyart affirme qu’on en croise souvent dans les campagnes, ces « prisonniers vagabonds ». Ils sont nourris par la générosité des gens, mais personne ne songerait à les détacher, au risque de prendre la place du supplicié.
Dans ce pays ayant peu de loi, la science du droit tient de la connaissance du coeur des hommes. Le fait que le roi soit emmené à juger quotidiennement les différends de ses sujets, le conduit par habitude à devenir d’une sagesse et d’une intelligence fine qui contribuent à son rayonnement, témoigne le prêtre.
A la fin de chaque jugement, le roi est obligé de boire un coup de vin de palme, pour signifier que la sentence est rendue. Certains jours il pouvait expédier jusqu’à 50 affaires, et boire autant de coups.

De la guerre
« Dans ces pays, la mort des rois est le signal d’une guerre civile« . Cela n’a malheureusement pas beaucoup changé. Au temps ou le missionnaire Proyart arrive au Loango, Ngoyo et Kakongo, rien n’est acquis. Le compte de Soyo vient de faire valoir ses prétentions sur le royaume de Ngoyo. Le roi de Kakongo se sent obligé malgré lui d’être vassal du Loango devenu plus puissant que lui alors que ce fut son vassal. Il admet néanmoins la situation, car sans cela, il succomberait aux prétentions du Kongo qui revendique encore ce territoire comme étant le sien. Pas comme un état vassal, mais une province à part entière. D’ailleurs par représailles, le roi du Kakongo, le Mani Kakongo, ne présente que sous le titre de « Mani Kongo » devant les étrangers. Le Soyo, sans doute la plus rebelle des provinces du Kongo avait réussi à gagner une indépendance dans les faits, et fortement soutenue par les portugais, mais très peu reconnue par les autres royaumes, qui ne voulaient pas se fâcher avec le Kongo si jamais ils acceptaient l’amitié de la province rebelle. Ajouter aux menaces de l’esclavage et aux guerres provoquées par les européens pour se constituer un cheptel à emporter, la tension militaire est donc permanente dans la région.

Les armées ne sont pas professionnelles ni régulières. Comme chez les romains antiques, tout citoyen en âge de porter une arme est soldat au besoin. Mais bien mauvais soldat!
Avant de partir en guerre, chacun se décore le corps d’amulette et de peintures divers, surtout rouge, d’aucun pour faire peur à l’ennemi, d’autre parce qu’un nganga cher payé les aurait convaincu qu’ils seraient ainsi invulnérables aux balles. Certains se font des cicatrices au visage et au bras pour faire croire à l’adversaire qu’ils ont à leur actif tant de batailles dont ils ont survécu, sans plus jamais en craindre une seule…
Chacun prend les armes qu’il trouve chez lui, l’armée n’en fourni pas comme c’est le cas au Kongo. Certains emportent des fusils, d’autres des sabres, ou encore de simples couteaux. Chacun emporte ses propres vivres pour deux ou trois jours.
« Les chefs qui les commandent semblent plûtot faire fonction de conducteur de troupeaux plutôt que de généraux d’armée« , ironise le mundele en soutane.
Dès qu’ils rencontrent l’ennemi, chacun va à la bataille sans attendre d’ordre. Ils se choisissent individuellement quelqu’un qu’ils estiment pouvoir combattre et se lancent. Les combats commencent toujours dans la confusion et finissent par une déroute générale ou une victoire complète. Les combats ne sont ni sanglants ni opiniâtres. L’action est à peine engagée que l’épouvante a déjà envahi une des deux armées qui se met en débandade. Les vainqueurs rassurés de leur succès se mettent à la poursuite des fuyards qu’ils veulent attraper vivant pour en faire des esclaves.
Mais les face à face sont rares. Le grand art de la guerre loango étant d’éviter …la guerre, la stratégie consiste à contourner les forces adverses pour aller brûler leurs villages. Tant qu’on ne trouve pas de résistance, on avance de village en village, pillant et brûlant tout. Souvent les deux armées font en même temps les dégâts, chacune de leur côtés sur les terres ennemies. Et même sur la route du retour ils prendront soin de ne se pas se rencontrer sauf face à une occasion facile de se faire des prisonniers.

Une guerre dure une huitaine de jour en général. Rarement plus. Quand les soldats ont fini leurs provisions et qu’ils n’en trouvent plus chez l’ennemi, ou qu’ils n’ont plus de plomb, chacun rentre chez lui, sans demander permission ni congé. Le roi participe des fois à des campagnes pour donner le moral à ses troupes mais s’il est pris, en général il est décapité, pour démoraliser ses troupes sur le champs.

L’esclavagisme
« Il se dit que les nègres qui s’achtent ici, sont les plus noirs et les plus robustes qui se puisse trouver.« 
Les loango se livrent une guerre ouverte et permanente avec d’autres peuples qui vivent très loin deux. Ils prétendent que ces derniers sont sauvages, qu’ils boivent du sang humain, mangent la chair de leur victime. Alors c’est pourquoi ils les combattent. Ils considèrent les traiter humainement en les vendant en esclavage car ils auraient très bien pu les achever sur le champs. »
Puis cette remarque qui a tout son intérêt:
« A proprement parler, c’est moins une guerre qu’une chasse. Mais dans laquelle, le chasseur est souvent exposé à être la proie du gibier qu’il poursuit.« 
C’est le principale commerce qui se développe dans la région depuis l’arrivée des européens. Un commerce qui fait et défait des royaumes. Ceux qui en capturent ne sont pas autorisé à les vendre directement aux européens. Ils doivent passer par des courtiers nommés par le ministre du commerce, le Ma-mfouka, dit Mafouque par les français. Ceci pour limiter le nombre de faux esclaves, ou de rafles au sein de leur propre peuple. Il interdit notamment de vendre ou de circuler avec des esclaves la nuit, ou encore de les faire entrer au campement des européens sous prétexte de les faire voir au capitaine du bateau. Tout ceci pour éviter que des enfants du pays ne soient vendus.
Le prix d’un esclave n’est pas le même au Ngoyo, au Kakongo et au Loango.
Au Loango on évalue le prix sous forme de pièce.Si au départ le mot signifie « morceaux de tissus », il finira par désigner une valeur plus ou moins établie qui peut se composer de plusieurs choses. Ainsi, un seul morceau d’étoffe peut valoir 3 pièces, tout comme 5 couteaux avoir la valeur d’une pièce.

Le missionnaire avoue avoir payé 30 pièces au Ma-mbuku pour obtenir l’esclave Makuta (ça ne s’invente pas). Ce qui fait en valeur réelle: une dizaine de morceaux d’étoffes différentes généralement en coton (certaines étoffes peuvent valoir 2,5 pièces l’unité), deux fusils estimés valoir 2 pièces chacun, deux sacs de balles et de plomb à fusil de 3 kilos au total, deux sabres, deux douzaines de couteaux à gaine, deux barres de fer de 10kg (valant 1 pièce les deux), 5 pots de faïence, 4 baril de whisky, 10 perles de verre servant à fabriquer des chapelets et autres bijoux. Au passage le courtier prend une commission d’un valeur de 6 pièces. Le prix d’un être humain.
« Le commerce des hommes qui s’exerce sur les côtes n’intéresse comme l’avons déjà dit, qu’un petit nombre de personnes qu’on peut considérer comme les riches et les puissants. Quant au peuple ne connaissant de nécessité que celle de se nourir et de se vêtir, et de la manière la plus grossière et la plus simple, il borne son commerce à bien peu de chose: poisson enfumé, manioc et autres racines, sel, noix de palme canne à sucre, bananes et autres fruits« .

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19 Réponses à “LOANGO”

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  1. LOBOKO dit :

    peut on nous decrire la typonomie de loango?

  2. Harvey dit :

    Sur ce même texte, il est écrit:

    « Quant à l’étymologie de “Loango”, la plus répondue est celle qui se rattache à l’animal totémique du Kongo dia ntotila, à savoir la panthère, Ngo en Kongo. “Lua Ngo”, signifiant “de la panthère”. »

    Si cette toponymie ne vous satisfait pas, vos critiques et vos propositions sont les bienvenues.

    Bien à vous,

  3. Autre Anonyme dit :

    J’ai lu le meme texte et je me rappelle que Proyart explique en detail à quel point la traite negriere est organisée à Loango. D’où mon incomprehension quand je lis que l’esclavagisme a causé « une concentration sur la base d’affinités du sang » ou un nombre insuffisant de males. Kongo a explosé à cause de l’esclavage parceque les rois ont perdu leur controle au profit de chefs locaux qui voulaient leur part du gateau. A Loango, le royaume a gardé son controle et s’est enrichit (enfin surtout les commerçants). J’ai du mal à croire que la population y a été victime de raids esclavagistes.

    Je crois que l’interdiction de posseder des objets importés existait à Soyo et pas Loango.

    La si celebre « vue » de Boali-Loango est un faux, un dessin imaginé. Elle a été commandé par l’editeur du livre de Dapper qui lui-meme n’a jamais quitté la Hollande.

    Sinon, interessant.

  4. Harvey dit :

    Ce texte s’inspire de Proyart, il ne le répète. L’étude historiographique nécessite des filtres, des comparaisons et des critiques. D’ou la nécessité d’une Société des Historiens, qui débat des textes et rétablit des faits. Si tu avais pris le temps de lire jusqu’à l’onglet Kongo, tu aurais vu qu’il est fait état de la lettre qu’Afonso Ier (et d’autres de ses successeurs) sur les rapts multiples qu’opéraient les portugais DANS MBANZA KONGO MEME, jusque sur des enfants de la noblesse! Et c’est aussi là qu’il parle de population visiblement diminuée. Ce même phénomène est témoigné dans d’autres contrées. Pour le Loango, Proyart avoue que seul l’Etat avait le droit de vendre les esclaves, parce que justement pour éviter les ventes de ses propres citoyens. Un passage explique comment un ministre a du etre nommé, en charge de cette reglementation, interdisant par exemple de circuler avec des esclaves de nuit, ou de les faire entrer dans le campement des blancs sous prétexte de montrer « la marchandise avant vente ». Loango a subi l’esclavage intérieur, il n’y a pas de doute.

    Tu as totalement raison pour ce qui concerne le dessins de Loango. C’est le cas de nombre de représentations de l’époque. Mais attention, les tableaux européens n’en sont pas moins « imaginés » de la même façon.

  5. Autre Anonyme dit :

    J’ai lu l’onglet sur le Kongo et j’etais dejà familier avec les lettres d’Alfonso.

    Oui il parle de raids, de nobles kidnappés et de population diminuée mais il parle aussi du fait qu’il perd le controle sur ses sujets. Et là est la vraie clé pour comprendre sa position. Les fameux raids sont fait par des marchands portugais avec la complicité de locaux (souvent chefs) non pas pour contourner une interdiction inexistante sur la traite mais pour contourner les impots et taxes royales sur la traite.

    Alfonso etait en train de perdre le controle de ses vassaux et d’une importantr source de revenus. C’est comme si aujourdhui les societés petrolieres contournaient l’etat congolais. Le president s’insurgerait aussi.

    Donc Loango a peut etre eu des buts moins nobles quand ils ont imposé ces reglementations sur la traite. Ceci dit ça ne change pas grand chose. Loango a participé, pleinement, de son propre gré.

    Quel esclavage interieur ? Par qui ? D’où ? Avec quels fusils ? Pour vendre à qui ?

  6. Harvey dit :

    L’esclave n’a jamais existé en Afrique pré-traite. Il n’existe dans aucune tradition africaine la propriété d’un individu par un autre. Que des gens aient des sous-droits dans un système de caste, oui. Mais pas de propriété d’un homme à un homme. Ni traditionnellement, ni culturellement, ni historiquement? rien! On peut supputer ce que l’on veut, mais l’histoire est bâtie sur des preuves et là dessus il n’y en a pas.

    Quant à supposer que l’esclavage soit autorisé dans les rues de sa capitale, et que la dépopulation ne le gênerait que pour des questions d’impôt (je n’y comprends d’ailleurs rien… Le roi aurait donc aimé se dépeuplé tant qu’il est payé, les nobles adoraient se faire vendre??? ces mêmes nobles qui selon vous s’enrichissaient de ce commerce…!!!), il faut une sacrée dose de mauvaise foi.
    A l’intérieur du royaume, ce sont les rapts des esclavagistes occidentaux qui enlevaient des citoyens jusqu’à la dépopulation, et là seul est le sens des lettres du roi du Kongo à son homologue portugais. C’est ce qui est dans le texte, alors pourquoi lui supputer des contre-sens?

    Ni Loango ni aucun état n’avait le pouvoir de choisir volontairement l’esclavagisme ou pas, puisque s’y opposer supposait que les occidentaux arment vos rivaux (ce qui se faisait continuellement) pour vous anéantir. Ce n’est pas pour rien que Proyart dit, je cite A proprement parler, c’est moins une guerre qu’une chasse. Mais dans laquelle, le chasseur est souvent exposé à être la proie du gibier qu’il poursuit. Le statut de vendeur-complice-local n’a donc aucun sens, puisque lui-même aurait fini vendu. Car s’il y’avait un camp de vendeur et un autre de vendu, les vendus seraient les plus faibles donc les plus inaptes aux labeurs qui les attendaient outre-mers.

    Toutefois, nous sommes ouverts à la compréhension de l’histoire, et attendons vos preuves. Pas des théories fumeuses qui ne reposent sur rien.

  7. kamit dit :

    Ce débat d’apparence mineure et qui peut faire croire aux non initiés qu’il ne s’agit que de masturbation intellectuelle sur des sujets dépassés, cache en réalité des enjeux fondamentaux pour nos civilisations. En effet, pour le clan occidental et européocentrique, admettre que l’esclavage n’existait pas en Afrique, c’est (entre plusieurs autres raisons) reconnaitre que toute la civilisation judéochrétienne construite à partir de l’esclavage des juifs en Egypte, est bâtie sur un mensonge gigantesque. Voilà pourquoi ce révisionnisme éhonté mené avec l’énergie du désespoir. Ils se planquent derrière des thèses de science fiction pour maintenir un certain état d’esprit: finalement, le géant n’avait que des pieds d’argile. D’ou toute notre vénération pour Cheikh Anta Diop qui nous a dit armez vous de sciences et combattez!

  8. Autre Anonyme dit :

    A l’intérieur du royaume, ce sont les rapts des esclavagistes occidentaux qui enlevaient des citoyens jusqu’à la dépopulation, et là seul est le sens des lettres du roi du Kongo à son homologue portugais. C’est ce qui est dans le texte, alors pourquoi lui supputer des contre-sens?

    Pourquoi tu ne postes pas le contenu de la lettre ? Y compris les parties où il dit que les raids à l’interieur sont fait avec la complicité des chefs locaux qui veulent des biens européens, y compris la partie où il dit que ses vassaux ne le respectent plus parcequ’il sont aussi riches que lui, y compris la partie où il propose de reglementer la traite au lieu de la supprimer, y compris la partie où il veut que les portugais arretent d’acheter en dehors des voies legales ?

    Dis-tu que Kongo ne prelevait pas de taxes sur la traite ? Dis tu que la traite entiere etait illegale ? Que le marchands portugais faisaient des raids illegaux à l’interieur pour une autre raison que d’echapper aux impots royaux ?

  9. kamit dit :

    Ah ah! Tu nous seras d’un grand secours si tu pouvais nous transmettre ces lettres en version électronique. Nous avons du mal à tout retrouver sur le net, surtout en français. Et recopier prend vraiment du temps. C’est pourquoi nous en appelons à toutes les bonnes volontés et amateurs d’histoire de nous épauler. Merci d’avance pour les lettres.

    Du reste, personne ne nie que les occidentaux ont mis les conditions de dépendance à l’esclavage. Ils ont corrompu des princes, fait suspendre le sort de royaumes entiers au seul bénéfice de ce crime. D’autres royaumes n’ont été inventé (par les occidentaux bien entendu), que pour servir de plaque tournante à l’esclavage, puis ont fini par être eux-mêmes razziés et réduits à l’esclavage par les mêmes qui les avait créé. Le Dahomey, un des plus célèbre royaume esclavagiste, eut pour charte à sa création une vibrante déclaration anti-esclavagiste. Il sera soumis, contraint de s’y conformer, jusqu’à en devenir une des plus grosses industries de ce crime. Que dire du Mande (royaume mandingue) qui produisit la première déclaration universelle des droits de l’homme et opta contre l’esclavagisme en 1244, à l’époque ce sont les arabes qui savaient quelle fortune on pouvait faire de la force de travail noire. Ce pays sera razzié, détruit, esclavagé au profit des mêmes esclavagistes, commanditaires et bénéficiaires finaux de la Traite Négrière. Ca c’est l’histoire, les preuves et les faits. Ce qui est faux c’est de dire que l’esclavage préexistait en Afrique, donc rien de nouveau dans ce qu’apportent les blancs. Ce qui est malhonnête, c’est d’établir une histoire sur des scénarios de science fiction, donc sans preuve.

    Nous comptons tout de même sur votre fair play pour la transmission des lettres d’Afonso Ier, et autres documents éclairant.
    Merci

    Kamitiquement,
    historiensducongo@gmail.com

  10. Autre Anonyme dit :

    Je les ai copié sur Congopage.
    Malheuresement je ne les ai jamais trouvées en Français donc les copies sont en anglais.

    Joao a donné 20 esclaves en cadeaux aux premiers explorateurs portugais qui sont arrivé à Kongo. Donné. En cadeaux. Avant que le moindre esclave soit vendu ou kidnappé. Conditions de dependance ?

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